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sur la partie qui vous intéresse :
Histoire de quelques
exploitations
- Sites de Trélazé en images
- Site de la Mine Bleue : La Gatelière (1916
- 1936)
Techniques d'exploitation et de Fente
-
L'extraction à ciel ouvert
- L'extraction souterraine
- Le travail de l'ardoise
HISTOIRE DE QUELQUES EXPLOITATIONS.
Sites de Trélazé en images
L'association a réalisé une
carte, regroupant l'ensemble des vestiges miniers de la commune de
Trélazé. Nous y avons également mentionné les sites d'exploitation
actuels. Pour la télécharger, accompagnée de sa légende, il suffit de
cliquer sur les liens ci-dessous :
Carte du site ardoisier de Trélazé (230 Ko)
Légende de la carte (35 Ko)
Plutôt que de retranscrire une nouvelle fois l'histoire des ardoisières d'Angers, nous avons préféré vous présenter une série d'iconographies anciennes présentant le site de Trélazé. Vous pourrez découvrir les activités de surface - des techniques anciennes aux méthodes modernes - et l'exploitation souterraine vers 1900. Bon voyage dans le passé...
Site de la Mine Bleue : La Gatelière
(1916 - 1936).
Les
ardoisières angevines de St Blaise de Noyant-la-Gravoyère, aussi
appelées ardoisières de La Gatelière (du nom du village tout proche),
ne représentent qu'un court moment de l'histoire et qu'un faible espace
du domaine de l'exploitation de l'ardoise dans le bassin de l'Anjou.
La butte, en surface, masque un domaine ardoisier minier situé entre -126 et -116 mètres sous le sol, d'une extension WNW – ESE de plus de 700 mètres et prolongeant les exploitations de Bel Air de Combrée (Commission des Ardoisières d'Angers) et de Noyant Misengrain (Société des Ardoisières de l'Anjou). Au fond, on trouve de vastes cavités de 60 à 80 mètres de long, entre les parois Sud et Nord. On dénombre pas moins de 26 chambres d'extraction, parfois tout juste commencées, illustrant principalement la méthode d'exploitation "à remonter en gradins renversés dans la voûte". St Blaise s'inscrit dans l'âge mûr de cette technologie minière, apparue à la fin du XIXème.
L'idée
de la création de l'ardoisière, à La Gatelière, vient sans doute de
Monsieur Pernin, ancien ingénieur de la Société des Ardoisières de
l'Anjou. Il faut cependant un investisseur, qui est en l'occurrence
Paul Jacques Camille Pousset, directeur et actionnaire de la Banque
"Bougère Fils et Pousset" d'Angers. L'achat des parcelles de la surface
sera mené au printemps 1914. Mais parallèlement, une négociation est
nouée avec la Commission des Ardoisières d'Angers pour lui vendre cette
acquisition ! Une raison floue est évoquée : il s'agit d'éviter toute
concurrence sérieuse avec l'arrivée d'une nouvelle entreprise. A cette
proposition, la Commission répond par la négative, trouvant le prix
trop élevé.
La Société Anonyme des "Ardoisières Angevines de St Blaise" est donc
créée le 30 Mai 1916.
On creuse deux plans inclinés à 37°, de 210 m de longueur, s'ouvrant à
50 mètres l'un de l'autre. Ce type d'accès au fond, banal dans les
Ardennes, est l'exception en Anjou où le puits vertical est la règle.
L'exemple antérieur et tout proche de la descenderie de l'Oudon, aux
mines de fer de Segré (1907), n'y est pas pour rien. Le plan "Ouest
n°2" est réservé à l'extraction des charges. L'autre plan incliné, "Est
n°1", est là en secours et sert à la descente des mineurs.
Les débuts de l'exploitation sont
difficiles. On attaque un quartier initial affecté par le torsin de St
Balise (faille géologique). La pierre est de mauvaise qualité dans
cette zone broyée et très perturbée. En 1924, on décide de délaisser
l'Est-Sud-Est de l'exploitation pour réorienter relancer les travaux
miniers à l'Ouest-Nord-Ouest, en terrain sain. Ce nouveau quartier, que
l'on visite aujourd'hui dans le cadre du musée, est appelé "quartier
intermédiaire". Il est exploité jusqu'à la fermeture.
Plus à l'Ouest, au-delà d'un effondrement (bouchon) qui en condamne
actuellement l'accès, s'étend le domaine des chambres de sciage au fil.
"La Gatelière" a innové dans ce domaine dans les années 1930, jusqu'à
en faire sa méthode principale d'extraction. Quelques chambres, assez
profondes, seraient spectaculaires par leur volume.
Le marteau-perforateur à air fait son apparition en 1931, permettant
d'atteindre 40 m de foration par jour. Malheureusement, c'est nouer
avec la schistose, appelée aussi silicose dans le charbon.
La butte, espace de travail des fendeurs, est unique dans le bassin de l'Anjou pour la "fraîcheur" de ses vestiges, cabanes et murs de cantons encore debout et reste très représentative. Elle illustre parfaitement cette grande époque ardoisière où le chemin de fer du carreau minier organise l'espace de débitage – fendage en y distribuant les pièces. Le témoignage d'Adolphe Bertereau nous fait revivre ce glorieux passé (extraits disponibles sur ce site Internet).
En 1935, l'ardoisière connaît son record de production : 7487 tonnes d'ardoises fabriquées. Ils sont alors 176 ouvriers "d'à-haut" en majorité fendeurs, et 68 "d'à-bas", mineurs surtout. Le sciage au fil a rendu l'entreprise bénéficiaire dans les années 1930, alors que toutes les industries françaises connaissaient la crise. Pourtant, à la grande surprise des ouvriers, la société qui continuait de gagner de l'argent ferme ses portes le 25 Juillet 1936, à l'issue des premiers congés payés. Il s'agit en fait de la faillite de la banque "Bougère Fils et Pousset", principal actionnaire. La Commission des Ardoisières d'Angers ne rachètera le site que pour le déséquiper.
En 1959, un premier
dénoyage révélera le bon état du fond, l'intérêt des réserves en place,
mais la conjoncture ne permettra pas la réouverture. Ce souvenir
technique permet cependant, en 1988, d'augurer positivement de la
possibilité de son aménagement en musée.
C'est en 1989 que le site a repris vie. Sous la houlette de René
Epoque, l'ancien ingénieur et directeur de l'exploitation voisine de
Misengrain fermée avec le dépôt de bilan des "Ardoisières de l'Anjou",
la réouverture de St Blaise est entreprise. Les chambres de la Mine
Bleue sont dénoyées en un hiver. Les travaux de nettoyage, de curage
des voûtes et de désencombrement entraînent la remontée de 2000
berlines de déchets, la pose de 1000 boulons d'ancrage, de feuillards
métalliques et de grillages sur l'ensemble des cheminements. L'emploi
d'une quarantaine de mineurs ardoisiers en stage FPA de reconversion
"Bâtiment" a permis ce travail très qualifié, avec le recours à
l'encadrement agréé de Charbonnages de France Ingénierie.
Le
musée ouvre ses portes rapidement (peut-être trop) en 1991. Après 8
années d'une fréquentation tout à fait satisfaisante, le site est dans
l'obligation de fermer pour des raisons financières que nous
n'évoquerons pas ici. Ce n'est pas la reprise, en 2000, par le Musée
des Blindés de Saumur qui sauvera l'aventure.
En 2007, il a fallu redémarrer pratiquement à zéro, à l'exception des
installations au fond qui étaient quasiment intactes. Les travaux de
réhabilitation sont terminés : la Mine Bleue est à nouveau ouverte !
TECHNIQUES D'EXPLOITATION ET DE FENTE
Au
Moyen Age, on commence à extraire l'ardoise de façon artisanale pour la
construction régionale. Directement prélevée aux affleurements, en
Anjou, elle ne fait pas l'objet d'un commerce.
Petit à petit, son usage s'étend et les techniques se perfectionnent.
L'exploitation s'organise et, dès la Renaissance, on peut parler
d'industrie. On distingue les gars d'à-bas, qui
extraient le schiste bleu, et ceux d'à-haut qui
travaillent les blocs pour en faire le matériau de couverture et de
pavement. Les premiers sont les fonceurs, les seconds sont les fendeurs.
Les petites carrières deviennent alors de gigantesques trous qui
marquent le paysage angevin. L'exploitation se fait par gradins droits,
c'est à dire par descente successive avec des immenses "marches". Les
blocs sont débités sur la hauteur d'un gradin.
En Anjou, on utilise presque exclusivement ce mode d'extraction - très
économique - jusqu'à la moitié du XIXème siècle.
La profondeur atteinte par ces énorme cuvettes est limitée par les
dangers d'éboulements et les accidents toujours croissants.
De nos jours, l'ardoise la moins chère est toujours celle extraite à
ciel ouvert (sauf pour l'ardoise de qualité). Une tentative de
ré-ouverture de carrière de ce type, à Trélazé, a échoué par faute
d'une qualité ardoisière suffisante du schiste.
Méthode en descendant
Pour continuer à extraire le schiste ardoisier
sous les carrières à ciel ouvert, la technique dite en
descendant sous voûte est inaugurée à Trélazé dès 1838.
Cette technique fait suite aux expériences bretonnes à faible
profondeur.
Le principe est simple : on commence par creuser un puits (en surface
ou au fond de la carrière), et une large salle de la hauteur d'un bloc
extractible. Il suffit ensuite de descendre par gradins droits, comme à
ciel ouvert, en débitant une tranche d'ardoise à chaque fois. On se
retrouve alors avec des chambres souterraines de dimensions colossales
: il y a parfois 100 mètres entre le sol et la voûte !
Là encore, les accidents ne manquent pas malgré la constante
surveillance des parois, des nombreux délits et plans de faille. En
1888, à Misengrain, un immense bloc de schiste se détache de la voûte
et cause la mort de 18 mineurs.
Cette technique, abandonnée pour des raisons évidentes de sécurité, est
tout de même relancée à la mine de Renazé, puis à Misengrain et La
Poueze dans les années 1980. La voûte est alors surveillée et sécurisée
avec des outils modernes qui permettent de prévenir tout accident.
L'extraction se fait par Havage-rouillage (sciage). Cette mine ferma
avec la fin de la Société des Ardoisières de l'Anjou, en 1986. La
Poueze ferma en 1991.
Méthode en remontant
Cette méthode apparaît en 1878 et, comme son nom
l'indique, permet d'exloiter les veines de bas en haut (application aux
Grands Carreaux). On commence d'abord par creuser un puits très profond
— parfois à plus de 500 mètres c et, ensuite, on réalise une première
chambre, comme pour la méthode en descendant. Seulement ici, on débite
les blocs du toit, par gradins renversés. Les stérils, ou l'ardoise
inexploitable (50% de déchets), sont laissés au sol, ce qui permet
d'avoir une hauteur sous voûte constante (environ 10 mètres) et de
minimiser les accidents. Cette technique augmente, qui plus est, le
rendement puisque l'ardoise qui sort est directement utilisable.
Les chambres sont donc, au fur et à mesure, remplies des déblais. Le
débitage des blocs se fait manuellement et à la poudre noire. Ils sont
ensuite acheminés vers le puits pour les transférer au jour,
vers les chantiers de fente.
C'est encore par cette méthode que l'on extrait l'ardoise à Trélazé. La
mécanisation est devenue omniprésente : les engins qui abattent
l'ardoise sont des Brises Roche Hydrauliques et des Pelles de
carrières. La nouvelle descenderie des Fresnais leur permet de sortir
directement les blocs par camions-bennes. cette évolution a permis
d'augmenter considérablement la productivité.
La silicose
La silicose
— ou schistose pour les ardoisiers — est causée par
l'inhalation de poussières de schiste. Cette maladie transforme et
détruit peu à peu les poumons.
Elle s'est considérablement développée avec l'emploi des
marteaux-perforateurs à sec (air comprimé). De 1920 à 1950, jusqu'à
l'apparition des perforateurs à injection d'eau, une véritable
hécatombe a balayé l'industrie ardoisière angevine. La vie du mineur,
retraité certes à 50 ans, ne dépassait guère 60 ans. Aucun était
épargné.
Lorsqu'il reçoit un bloc de schiste
provenant de la veine du fond de la mine, pouvant peser parfois
plusieurs tonnes, l'ouvrier commence d'abord par l'observer
attentivement. Il cherche à discerner l'orientation des plans :
- Le longrain, ou fil de la pierre.
- Le plan de fissilité, propriété particulière du schiste permettant la
division en feuillets minces.
- Le plan de quernage ou travers, perpendiculaire aux deux précédents.
Il cherche également les principaux défauts. Ces observations lui
permettent de décider de la suite du travail.
Deux méthodes ont été ou sont employées : manuelle ou industrielle.
Méthode Manuelle
Pour
transformer ce bloc en ardoises, il lui faut procéder successivement :
1) L'alignage : division du bloc dans son épaisseur
pour obtenir des plaques de 5 à 10 cm. Pour ce faire, il a besoin d'une
barre à main, d'un ciseau à querner et d'un maillet.
2) Le boucage : obtenir la rupture du schiste dans
le sens du longrain et dans le travers. Pour ce travail, il utilise la
barre à biseau, la scie, le bouc et le pic moyen.
Ces opérations terminées, il a obtenu des repartons.
3) Les repartons : ce sont des morceaux de schiste
de formes plus ou moins régulières mais d'un poids le rendant maniable
au fendeur qui doit le débiter en fendis.
4) La fente : diviser le reparton dans le sens de
la fissilité à une épaisseur liée au modèle d'ardoise prévu (pour les
modèles français, 2,7 mm).
5) Le rondissage : il lui reste alors à tailler le
fendis et lui donner sa forme définitive. L'ardoise est alors terminée.
Méthode Industrielle
Avec cette méthode,
c'est la deuxième opération — le
boucage — qui change. La plaque obtenue est sciée dans le
sens du longrain et du travers par des meules au diamant (croquis
de J-P Drevet). Les autres opérations sont identiques, mais
presque entièrement automatisées.
Aujourd'hui, l'évolution des techniques permet de rationaliser, une
nouvelle fois, le travail du schiste ardoisier.